UNE GRANDE MER AUSTRALE ?

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image extraite de: Lawrence et al, 2013 (PDF)

Australe est à la fois une mer et un ancien bassin bizarres. En tant que mer, elle n'est pas continue. Quelques dépôts le sont, particulièrement la grande zone blanche vers le haut de l'image, mais bien d'autres sont plus discrets, remplissant les arènes de cratères et certains points bas entre cratères. Sam Lawrence et ses collègues ont utilisé les données de l'image multispectrale du LRO pour confirmer et étendre les cartes précédentes montrant les zones marines. Ce qui apparaît en vert sur la carte équivaut aux zones marines les plus anciennes, assez dégradées, et ce qui est en jaune correspond à des laves marines enfouies sous des ejectas (cryptomaria) et qui de ce fait ne présentent pas la réflectivité spectrale propre aux mers lunaires. Jusqu'à présent, les données du LRO n'ont pas permis de prouver que Australe est un bassin d'impact. Il est plus bas au centre que sur ses bords, mais pas aussi régulier que d'autres bassins, et les deux anneaux présumés qui l'entourent sont toujours controversés. Le fait le plus convaincant sans doute est la distribution quasi circulaire des dépôts marins. Les données topographiques du LRO montrent que des laves plus anciennes (la mesure se faisant par stratigraphie et décompte de cratères) sont visibles sur les hauteurs, alors que des laves plus jeunes se trouvent dans des zones plus basses; il en est de même pour la Mer de la Sérénité et d'autres bassins où les laves les plus anciennes recouvrent l'intégralité du plancher du bassin, avec des laves plus jeunes de moindre importance dans les parties centrales et plus profondes du bassin, là où elles recouvrent en surface les vieilles laves. L'existence de nombreuses mini laves plus discrètes montre qu'il y a de nombreux puits de laves sur tout cet espace. D'autres données sur la composition des laves et sur leur âge montrent également qu'il existe des sources différentes et que certaines d'entre elles ont été longtemps actives alors que d'autres le furent sur une courte période. La Mer Australe présente un volume de laves bien plus petit que de nombreux bassins de la face visible de la Lune (par exemple, son voisin la Mer du Nectar), et ceci a autorisé Lawrence et ses collègues à suggérer que des sources multiples ayant connu des durées différentes d'activité éruptive peuvent aussi s'être créées dans des bassins où d'épais dépôts de lave masquent une histoire enfouie. Il est intéressant de remarquer que le bassin le plus semblable à la Mer Australe est le complexe proche Pôle Sud-Aitken, complexe composé également de différentes mini zones et n'exhibant pas non plus d'enceinte complète. Ces deux bassins sont très vieux, mais l'un est peu creusé et l'autre très profond. Pourquoi cela ?

Chuck Wood
(traduction Claude Navarro)

Liens
21st Century Atlas cartes L3 & B3.


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